Le Village

La Société d'Histoire du Val de Villé

   On peut difficilement parler de l'histoire et du patrimoine de Neuve-Eglise, sans faire référence aux recherches et aux parutions de la Société d'Histoire du Val de Villé.

   Ses annuaires (dont le N°1 date de 1976) et ses éditions (fruit du travail de collaborateurs bénévoles et soucieux d'exactitude) sont une mine de renseignements concernant la Vallée de Villé et, plus particulièrement, notre village.
   Les quelques informations qui constituent cette rubrique ont été directement puisées dans l'annuaire  N° 32 de 2007 qui consacre près de 170 pages à Neuve-Eglise et ses richesses.

Le Village

     Neuve-Eglise est l'un des 18 villages de la vallée de Villé. Il se situe dans l'avant-vallée à 18km à l'est de Sélestat en Alsace. Il comprend également le hameau de Hirtzelbach ainsi que les constructions de la rive droite du //Luttenbach// à Breitenau.
     Etabli sur un glacis au pied des pentes est des Vosges, le village s'étage de 260 à 320m. Son domaine de 548 hectares culmine à 630m sur les pentes de l'Altenberg.
     La climatologie de la vallée de Villé est une intéressante transition entre le caractère océanique des pentes ouest des Vosges et le climat continental marqué de la plaine d'Alsace.
     La géologie du secteur présente, de par sa complexité, les caractéristiques les plus intéressantes et les plus variées du massif vosgien. Le sous-sol contient des richesses minières qui ont été exploitées depuis plusieurs siècles; le premier document daté relatif aux mines de la vallée remonte à 1492.

     Hirtzelbach est un charmant village d'une trentaine de maisons qui est rattaché administrativement à Neuve-Eglise depuis 1825. Situé en hauteur, sur la route allant vers Dieffenbach, le site offre de jolies perspectives sur la vallée du Giessen.

Un peu d'histoire

     Le nom de Neuve-Eglise apparaît pour la première fois dans un texte de 1336 sous la dénomination de Nunkirche. Neuve-Eglise fait alors partie de la seigneurie du Frankenbourg appelée également Comte-Ban ou encore Graffenbann et en deviendra la capitale. Ce Graffenbann passera entre les mains de nombreuses familles et deviendra possession épiscopale de 1359 à 1489, date à laquelle il sera vendu au Grand Chapitre de la cathédrale de Strasbourg qui en restera propriétaire jusqu'à la Révolution de 1789.
     Certainement touché par la peste noire qui décime une partie de l'Europe au 14ème siècle, le village n'échappe pas aux ravages de la Guerre de Trente Ans, qui touchent la majeure partie partie de la population.
     Après le traité de Westphalie, en 1648, qui donne à la France la plus grande partie de l'Alsace, Louis XIV encourage les habitants d'autres régions à venir s'y installer. Cette immigration permettra au village de revivre et de se reconstruire. C'est ainsi que Neuve-Eglise, qui ne compte que 82 habitants en 1690 en recensera 478 en 1801.
     Avec ses excès, la Révolution sera mal accueillie à Neuve-Eglise. Avec la disparition du Comte-Ban, le village redevient une simple commune. Hirtzelbach, encore appelé Hachembach ne lui sera rattaché qu'en 1825.
     Le 19ème siècle contraste avec le Siècle d'or précédent. La surpopulation provoque sous-nutrition, malnutrition - aggravées par une épidémie de choléra - et émigration. La guerre de 1870-1871 amène son cortège de drames en particulier à la suite de la bataille de Thanvillé. Pour se venger, des soldats allemands sabreront et fusilleront des habitants sur leur passage. En leur mémoire, le Souvenir Français érigera, en 1932, un monument que les nazis détruiront en 1941. Le village sera toutefois relativement épargné lors des deux guerres mondiales.

La vie religieuse

     Il semble, selon une charte datée du 26 novembre 1369, que Neuve-Eglise soit déjà la paroisse-mère du Comte-Ban. Les habitants sont tenus d'assister aux messes et d'y recevoir les sacrements. Toute la dîme, en grains et en vin, lui est dévolue et entreposée au presbytère. Mais la paroisse est relativement pauvre et la guerre de Trente Ans n'arrangera pas les choses.

     Nous avons peu de renseignements pour la période du 15ème siècle.

     Au début du 16ème siècle, la population du Comte-Ban reste fidèle au catholicisme, même si : "l' opulent recteur de Neukirch passe à la réforme."

     A partir de 1690 la population continue à immigrer et à mettre le territoire en valeur. Les curés de Neuve-Eglise bénéficient de cette aisance ; la dîme rapporte de plus en plus et l'on songe à bâtir un nouveau presbytère capable d'en stocker les produits. L'église, devenue trop petite, doit être agrandie.

     En 1716, le curé J-Joseph Pot d'Argent fait construire le superbe presbytère au centre du Village. En 1735, l'église sera agrandie et son clocher rehaussé sous l'autorité du curé Delpy.

     Au début du 18ème siècle, la riche paroisse est donc très convoitée et les curés qui la desservent sont issus de milieux aisés. Mais la Révolution vient bouleverser l'ordre établi. L'arrestation et l'exécution de l'Abbé Stackler, en 1796, traumatise la population du village.
     Le 19ème siècle verra la fin de l'âge d'or matériel du clergé local. Toutefois, les prêtres qui se succéderont jusqu'à ce jour auront toujours une influence importante sur la vie quotidienne du village et de la vallée.

L'architecture

     Le village s'est développé autour de son église. Au lendemain de la Guerre de Trente Ans, la reconstruction a subi une double influence, alsacienne et lorraine, qui constitue l'un des attraits du village. 
     On rencontre quelques maisons de notables qui se distinguent par leur importance. Elles comportent deux étages surmontés d'un pignon droit percé de lucarnes. Les encadrements de portes et de fenêtres en grés, sont sculptés.
     Les linteaux travaillés portent la date de la construction, les initiales des premiers propriétaires et un motif rappelant leur métier. D'autres motifs ont parfois un sens plus ésotérique.
     L'étude de ces linteaux a permis de retracer la façon dont les maisons se sont assemblées dans le temps et sur le site de la commune pour former le village.

L'église

     Ce monument a évolué plusieurs fois depuis le 13ème siècle. La nef a été agrandie une première fois au 17ème siècle. En 1735, la nef a été de nouveau agrandie, le clocher rehaussé et une sacristie a été rajoutée.

     De récents travaux de ravalement ont permis de dégager des encadrements de fenêtre sur les façades sud et nord.

   L'intérieur de l'église recèle de nombreuses curiosités qui témoignent d'une longue activité cultuelle.
    

    On peut y voir, en particulier, une armoire eucharistique, un dais pour les processions, une crécelle, un fer à hosties dont une des photo ci-contre montre le détail de la gravure, une stèle et bien d'autres objets dont l'usage s'est perdu.

Les fontaines

   Le village conserve 8 fontaines en parfait état de fonctionnement. Pour la plupart fleuries chaque année, elles apporte un charme particulier aux rues du village.

   Alimentées par des sources, elles ont failli disparaître il y a quelques années, lors de la modernisation du système d'adduction d'eau de la commune. Fort heureusement, la municipalité a pris la décision non seulement de les maintenir en place mais aussi de les mettre en valeur.
   A l'origine, elles étaient alimentées par des canalisations en bois et, dans la vallée, quelques gardiens de ce patrimoine savent encore percer de tels tuyaux.
   La dernière fontaine a été creusée, en 2007, dans un énorme bloc de grès. Ce sont principalement les habitants de la rue du vieil étang, où elle se trouve, qui l'ont créée à l'occasion d'un Noël à Neuve-Eglise.

Les chapelles

     Sur la commune de Neuve-Eglise on trouve deux chapelles : L'une à Hirtzelbach, l'autre à Neuve-Eglise en haut de la rue de la Chapelle, à l'orée de la forêt.
     
     La chapelle du Chéna à Hirtzelbach, bénite le 1er juin 1857, fut construite par la famille MARCOT à la suite d'un voeu d'un des membres de la famille. Cette famille en fit don, en 1904, au Conseil de Fabrique de Neuve-Eglise avec une somme de 240 mark dont les intérêts devaient servir à son entretien.

     La chapelle du Rindsfeld fut édifiée en 1849 par Florent DENNEFELD, oncle du curé de Neuve-Eglise. Elle fut définitivement offerte au Conseil de Fabrique de la paroisse en 1866. Cette chapelle a été restaurée en 1969.

Les croix rurales

     On peut rencontrer huit croix érigées sur le territoire de la commune et deux au cimetière. Elles datent pour la plupart du 18ème siécle. Trois d'entre elles sont du 19ème. On ignore souvent les raisons de leur édification mais, comme toutes les croix, elles ont un sens religieux et restent les témoins de faits marquants dans la vie du village ou de l'une de ses familles.

     A l'époque de leur construction, les habitants de la vallée n'avaient pas des revenus très élevés. Ces croix ne sont donc pas aussi richement décorées que dans d'autres régions d'Alsace.

Les bornes

     Une grande partie de la forêt domaniale de La Vancelle appartenait de 1483 à 1789 au Grand Chapitre de la Cathédrale de Strasbourg. En 1764, les chanoines ont fait aborner leurs domaines privés pour marquer leur territoire.

     Ces bornes, ornées des armoiries de la seigneurie des Frankenbourg-Werde, ont toutes été martelées, sauf une, à la révolution. Le randonneur qui parcourt les innombrables sentiers de la vallée peut les découvrir.